C’est avec stupeur que les douaniers de la région rouennaise ont appris que la Direction Interrégionale des Douanes de Rouen, implantée jusqu’alors dans la ville éponyme, serait transférée au Havre.
Qui plus est, c’est par voie de presse que la plupart ont appris cette annonce qui semble avoir été faite au sortir du dernier conseil des ministres avant la pause estivale le 31 juillet dernier et relayée ensuite par le préfet de Seine Maritime. En effet, ni le directeur interrégional des douanes, ni même la direction générale ne semblaient au courant de ce transfert alors que de nombreux groupes de travail dédiés à la mise en œuvre de la réforme territoriale avaient eu lieu, hors de leur présence.
Et que ce soit en termes de qualité de service public ou d’intérêt économique, cette décision n’a fait l’objet d’aucune justification et n’a été accompagnée d’aucune étude d’impact sérieuse. À croire qu’elle n’est, et ce serait dramatique, que le fruit d’un jeu de calculs politiciens engagé dans le cadre de la réforme territoriale.
Quoiqu’il en soit les agents des douanes méritent mieux que ce traitement à la hussarde.
Cette annonce a soulevé un émoi légitime. En effet, la direction des douanes de Rouen a beaucoup subi en termes de réduction d’effectifs ces dernières années, du fait des politiques de réduction de la dépense publique et des réformes ré-organisationnelles, notamment en dernier lieu l’application du projet stratégique pour la douane en 2018, à tel point qu’elle fait figure de résidence « martyr ».
Qu’on en juge plutôt :
– suppression du centre interrégional de saisie des données (CISD),
– suppression des services de la jauge maritime,
– suppression de l’école nationale des douanes (par le transfert de la scolarité des agents et contrôleurs en Opérations Commerciales à l’école nationale des Brigades des Douanes de la Rochelle),
– suppression des 2/3 des effectifs des unités de surveillance,
– suppression programmée du bureau et de la brigade des douanes d’Evreux, soit la dernière résidence douanière dans le département de l’Eure,
– suppression des services de taxes à l’essieu, de francisation des navires et de gestion des produits pétroliers du fait de leur centralisation dans divers points du territoire, dont Metz,
– abandon du projet d’implantation d’un centre des services des ressources humaines (CSRH).
Ces réformes se succèdent depuis quelques années à tel point que de nombreux collègues ne cessent d’être transférés d’un service restructuré à un autre. La coupe est particulièrement pleine pour les collègues affectés dans les services de la direction interrégionale de Rouen qui espéraient avoir enfin trouvé une relative pérennité de résidence et qui, à peine affectés suite à restructuration, viennent d’apprendre que leur poste allait être transféré sans que pour autant ils puissent matériellement suivre ce dernier, si tant est que la possibilité leur en soit offerte.
En effet, Rouen et Le Havre étant distantes d’une centaine de kilomètres, c’est toute une organisation de la vie quotidienne qui est à revoir et à modifier en profondeur. Sans compter que ces réorganisations incessantes, qui n’ont pour la plupart aucune justification en termes d’amélioration du service public, compromettent leur motivation à accomplir leurs missions voire contribuent à les en dégoûter.
Cependant, s’il doit être mis un terme à cette situation dégradée, il ne saurait pour autant être question d’y remédier en portant atteinte aux autres résidences, à commencer par celle du Havre, particulièrement stratégique dans le dispositif douanier.
C’est le sens même des réformes mises en œuvre par la Direction Générale des douanes qui doit être revu afin de permettre au service public douanier de correspondre aux évolutions du contexte économique international tout en assurant ses missions fondamentales dont la première demeure la protection de notre espace économique et de l’environnement des populations qui y vivent.
Aussi, il nous paraît indispensable de poser un moratoire sur ces réformes, comme revendiqué depuis quelques années par l’intersyndicale douanière. Puis d’en établir un bilan le plus objectif possible et d’envisager les mesures à même de mettre la douane en capacité de répondre aux enjeux actuels et à l’intérêt général.
L’intégralité de notre courrier au premier ministre :