En ces périodes de commémoration de l’épreuve nationale qu’a constitué la Grande Guerre (1914-1918), une fois n’est pas coutume, notre section SOLIDAIRES Douanes tiens à exprimer sa reconnaissance envers les collègues qui ont réalisé le beau numéro spécial de Douane Infos consacré à l’histoire et aux actions de notre administration au cours du premier conflit mondial…
Exhaustif, richement illustré, présentant de façon claire et abordable les nombreux aspects du travail de notre administration durant la guerre mais aussi l’après guerre, ce numéro est à recommander à tous nos collègues qui s’intéressent à l’histoire des douanes ; et nous espérons qu’ils seront nombreux.
Mais pourquoi produire un tract pour conseiller la lecture d’un numéro de Douane Infos ?
C’est que la connaissance du passé est fondamentale pour qui veut préparer l’avenir.
Or, le passé de la douane est aussi clair et digne de louanges que son avenir est sombre, et dans ce contexte, la lecture des faits d’armes, des exploits ou simplement du travail ordinaire, mais ô combien important en période de guerre, de nos anciens est douloureuse.
– OUI, il est cruel de nous souvenir que l’homme affirmant que « le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage », avait raison, et l’a payé de sa vie le 31 juillet 1914.
– OUI, il est douloureux de nous rappeler que 3 jours après la mort du grand Jaurès, l’Allemagne du Kaiser déclarait la guerre à la France, après avoir envahi la veille le Luxembourg, pays neutre. Et nous sommes amers quand les « sociaux-démocrates » allemands – 1er groupe parlementaire –, votèrent les crédits de guerre.
– OUI, il est d’autant plus douloureux de lire ce que fut le sacrifice des premières lignes, assumant leurs responsabilités, quand aujourd’hui on démantèle le réseau des brigades.
– OUI, il est douloureux de lire l’exploit de ces douaniers qui contribuèrent à la capture d’un u-boot allemand quand aujourd’hui on supprime de nombreux moyens de surveillance maritime.
– OUI, nous ne pouvons que rire – jaune – , quand en lisant les exploits des douaniers infiltrés derrière les lignes pour saboter les infrastructures ennemies, nous nous disons qu’aujourd’hui en douane, les saboteurs, ce sont « nos » hiérarques.
Et comment, quand on a un tant soit peu le sens de la continuité historique et du (trop fameux) devoir de mémoire ; et plus encore le sens de ce qu’est le bien commun, peut-on supporter de savoir que l’ODOD, qui fut créée pour aider les trop nombreux orphelins résultant de la guerre, est aujourd’hui menacée de toutes parts, au nom des, une fois encore trop fameuses, et surtout trop fumeuses, contraintes budgétaires ?
On va nous répondre que la guerre est finie, que le contexte a changé, que nous ne sommes plus vraiment en capacité d’aller implanter des bureaux en Sarre et en Rhénanie.
Nous ne disons pas le contraire, nous avions remarqué, et puis pour être honnêtes nous commencions à connaître les arguments d’inaction que nous imposent certains compromis / fatalistes / défaitistes (rayer la ou les mention[s] inutile[s]).
Pourtant, la pertinence d’unités de surveillance nombreuses et bien équipées a-elle disparu ? Le fait que le virus Ebola ne porte pas de casque à pointe le rend-il inoffensif ?
Un article dans le numéro spécial Douane Infos nous parle de la guerre économique qui accompagne le premier conflit mondial ; ce conflit est fini depuis 96 ans, pour autant, la guerre économique a-elle disparu ? L’indication odieuse dans le Projet Stratégique (1-1, page 6) que « la concurrence accrue entre territoires européens » est un état de fait où « la douane peut et doit être un acteur de l’attractivité du territoire français » nous incline à répondre par la négative…
Un autre article du Douane Infos évoque la « contrebande de guerre » et ses deux formes, « absolue » et « conditionnelle ». N’est-ce pas, sous un autre nom, la différence qu’on fait toujours aujourd’hui entre armes de guerre et Biens à Double Usage (BDU) ?
Faut-il continuer à multiplier les exemples qui démontrent sans contestation possible la pertinence de la douane comme administration souveraine, hier comme aujourd’hui ? N’est-ce pas parce que, pour citer le receveur régional Centre – Marc Fradet – , « la douane est capable d’adaptations dans ses missions » que nous sommes aujourd’hui, en 2014, une administration qui a encore toute sa pertinence ?
Adaptation, oui, mais dans le seul cadre qui soit légitime : la perception des droits et taxes, et la défense du territoire et des citoyens. Le reste, relève de l’absurde.
Aussi, le seul vrai devoir de mémoire qui convienne au centenaire de la Grande Guerre pour les douaniers, c’est l’action contre le PSD.
Le jeudi 27 novembre, mobilisation générale contre le Plan de Sabotage de la Douane !
L’intégralité du communiqué :